Flexita…quoi ?

Chères lectrices et chers lecteurs,

En cette année 2017, j’ai pris comme résolution de m’exprimer davantage sur mon blog et de ne plus hésiter à partager ce qui me plaît mais surtout ce qui m’énerve, ben oui je suis une grande râleuse. Mon blog étant mon espace, j’ai décidé d’y exposer mes idées concernant tout ce qui touche le domaine de la cuisine.
Vous avez peut-être remarqués suite à la remise en beauté du blog le sous-titre « Une cuisine authentique, de saison et flexitarienne ». Et c’est aujourd’hui, sur ce dernier mot que j’aimerais revenir pour vous en expliquer le sens et ma démarche.
Il m’a semblé opportun de vous parler du flexitarisme en cette journée internationale sans viande et sur fond de scandale sanitaire autour des conditions de vie dans certains élevages porcins en Bretagne, peut-être en avez-vous entendu parler la semaine dernière ?

Pour commencer qu’est-ce que le flexitarisme ? On parle aussi de semi-végétarisme, un terme que je n’aime pas beaucoup et auquel je préfère le terme flexitarisme.
Le flexitarisme est donc un régime alimentaire où la place accordée aux produits d’origine animale est moins importante que dans un régime omnivore. Il y a différent degrés, c’est donc une pratique très flexible et que chacun peut adapter à son propre mode de vie et à ses propres convictions. Vous aurez des personnes qui pratiquent le végétarisme chez eux mais qui en société font le choix de « manger comme tout le monde » ou encore des gens qui décident de réduire leur consommation de viande mais qui n’hésitent pas à se faire plaisir quand ils ont envie de manger un peu de bonne viande.

Alors je vois déjà les végétariens et les végétaliens bondirent derrière leur écran et se dire que le flexitarisme est le comble de l’hypocrisie et que quand on renonce à la viande et/ou à les tous les autres produits d’origine animale c’est à la vie et à la mort, point de compromis ou de voie du milieu !
C’est justement cette voie du milieu qui m’intéresse dans la démarche du fléxitarisme, loin du dogmatisme, de l’extrémisme et du prosélytisme de certains « pratiquants vegan ». L’idée du flexitarisme est d’avoir une démarche réfléchie sur sa façon de se nourrir et de trouver sa propre voie, celle qui vous convient mais qui convient aussi à votre entourage. Je pense qu’il vaut mieux pratiquer un flexitarisme raisonné pendant vingt ans en changeant un peu les habitudes alimentaires de la famille que de mettre en pratique une veganisme pur et dur durant quinze jours en l’imposant à tous, et en en traumatisant quelqu’un pour au final se jeter sur la première côte de bœuf qui vous passe sous le nez.

Parlons maintenant des motivations qui peuvent nous mener à pratiquer le flexitarisme à notre sauce. Certes, c’est très bien de vouloir changer son régime alimentaire, mais encore faut-il que cela s’inscrive dans une démarche réfléchie qui mène à un choix personnel et argumenté. Inutile de se lancer dans ce régime alimentaire pour faire comme sa collègue ou telle ou telle star d’Hollywood. Et là, je ne parle pas que du flexitarisme ! Je pense qu’il faut bien réfléchir et se documenter avant de se lancer dans un régime sans gluten ou sans sucre, sans lait, etc. L’alimentation, c’est la santé et donc il ne faut pas faire n’importe quoi, cela peut avoir de graves conséquences.

Le flexitarisme peut être vu comme une étape plus ou moins longue de transition ou préparatoire vers le végétarisme. Une façon de voir si le régime convient et si l’on est capable de ne plus manger de viande car les habitudes sont difficiles à changer et parfois on peut manger de la viande sans vraiment s’en rendre compte.

Le flexitarisme, c’est aussi un compromis social ! En France, la réflexion sur le végétarisme n’est pas très avancée, soyons honnête ! Il est parfois de difficile de trouver des plats sans viande quand on mange au restaurant, ou refuser un plat contenant de la viande peut être très mal pris quand on est invité.
D’ailleurs, j’ai été surprise de constater que dans certains restaurants, il y a une mention sur le menu quand un plat est végétarien, et quelle ne fut pas ma surprise de découvrir du poisson dans les plats dits végétariens ! Il faut croire que pour certains le poisson n’est pas un animal mais un truc qui arrive tout prêt en rectangle blanc (goût cabillaud) ou rose (goût saumon).
Le flexitarisme permet aussi de ne pas avoir à se justifier ! Vous avez remarqué comment un végétarien devient le centre de l’attention à table et les questions stupides et les clichés auxquels il se trouve confronté. Franchement, on ne demande pas à une personne omnivore de justifier sa consommation de viande ou le nombre de mort de vache qu’il a sur la conscience pour assouvir sa passion pour la viande rouge !!!

Justement, le choix du flexitarisme peut également répondre à un choix éthique et écologique. Remettre en question ce que nous consommons et pourquoi nous consommons telle chose plutôt qu’une autre. Toutes ces questions s’inscrivent bien dans la réflexion qui peut amener au flexitarisme. D’ailleurs, beaucoup d’entre nous sont des flexitariens qui s’ignorent. Si vous faites le choix de réduire votre consommation de produits carnés au profit d’une viande de qualité provenant d’animaux élevés dans des conditions dignes et respectueuses, c’est déjà un pas vers le flexitarisme. Personnellement, je souhaite manger des carottes bien élevées sans pesticides par des producteurs qui aiment la terre et qui sont rémunérés à leur juste prix et non par des prisonniers des méthodes inhumaines de la grande distribution. Je souhaite que le poulet ou les œufs qui finissent dans mon assiette soient produits dans le même respect. Car respecter ce que nous mangeons, c’est respecter notre corps, notre santé et notre planète tout en se régalant !

Enfin, certaines personnes font le choix du flexitarisme pour des raisons économiques. Eh oui, la bonne viande est chère et une carotte, même bio, sera toujours moins chère qu’un blanc de poulet à label. En tant que consommateurs, nous avons le choix de privilégier une nourriture de qualité et de dire non à l’élevage et à l’agriculture intensive qui permettent aux grands groupes de l’agro-alimentaire de s’enrichir au détriment des producteurs et des consommateurs qui sont de bien petits poissons face à ces grands requins de la mondialisation.

Comme vous pouvez le constater, le flexitarisme n’est pas pour moi un simple régime alimentaire, c’est un peu une philosophie de vie et c’est surtout une façon de lutter en tant que consommateur. Oui, en tant que consommateur nous avons une réelle responsabilité sur des questions d’éthique et d’écologie ! Ce sont nos choix de consommation qui détermine notre avenir et celui des générations futures, du moins je l’espère ! Alors que voulons-nous : un monde déshumanisé qui ne serait qu’un gigantesque supermarché ou l’on achèterait tout à moindre coût sans considération pour la planète et tous ses habitants qu’ils soient quadrupèdes ou bipèdes ou un monde un peu moins superficiel et plus respectueux de tous et de chacun ou l’on connaîtrait l’éleveur de son poulet et le cultivateur de ses carottes avec qui nous pourrions prendre le temps d’échanger sans avoir le regard rivé sur une montre ?
Voilà c’est ma façon de penser, je ne dis pas que c’est la meilleure ni que j’ai raison, mais au moins elle m’est propre. J’ai choisi d’emprunter un chemin qui me semble faire appel au bon sens et qui me permet d’être en paix avec ma conscience.
Mais surtout, je pense que ce qui est le plus important ce n’est pas le résultat de cette réflexion mais le chemin qui permet d’arriver à ce résultat, et encore arrive-t-on un jour à un résultat définitif et absolu ? rien n’est moins sûr, alors je continue mon chemin !