Le pain de mamie
Aujourd’hui je ne vais pas vous livrer une recette mais je vais vous raconter une histoire car c’est la fête des grands-mères.
Ma très chère Mamie,
J’aimerais de te dire combien tu es importante pour moi et combien tu m’as apporté pour construire ma vie. Mais voilà, tu le sais, nous ne sommes pas trop démonstratifs dans la famille et comme je ne sais pas comment te le dire, j’ai décidé de te l’écrire ; une feuille blanche me fait moins peur pour t’exprimer mes sentiments profonds. Et tout cela tient en un souvenir.
J’aimerai te raconter l’un de mes premiers souvenirs quand papy et toi me preniez en vacances l’été. Ce souvenir, c’est ton pain ! Ce pain, que tu faisais toutes les semaines et qui nous occupait une matinée. Je m’en souviens comme d’un rituel un peu mystérieux pour mes yeux de petite fille qui se déroulait dans ta cuisine. Je me souviens de cette vielle cocotte-minute avec une oreille cassée dans laquelle tu mettais la farine et le sel. Je me souviens de ce verre doseur antédiluvien dans lequel tu délayais la levure dans de l’eau tiède. Je me souviens de cette cuillère en bois tordue par des gestes mille fois répétés. Je te vois, comme si c’était hier alors que cela fait maintenant plus de vingt ans, travailler cette pâte de tes mains usées par le temps et la vie pour la transformer en pain. Comme le temps me semblait long quand il fallait attendre que la pâte lève cachée sous un torchon. Je me rappelle que voulant faire comme toi, tu me donnais une petit morceau de pâte que j’avais le droit de toucher et de pétrir comme toi… Te souviens-tu de la façon de dégazer la pâte sur la table de la cuisine en formica ? Tu la tapais violement sur cette pauvre table qui rouspétait de toute sa structure métallique ! Et je la comprenais car une fois mes doigts aussi avaient connu la morsure du dégazage du pain et ta force herculéenne. Et puis, venait le temps d’installer le pain dans les moules à cake que j’avais le droit de huiler avec un pinceau comme une grande. Te souviens-tu de ce petit moule rond que tu avais gardé pour que la boule de pâte que j’avais travaillée cuise avec les pains de la semaine ? En fait, c’était une boîte de conserve récupérée mais pour moi c’était mon premier moule !
De nouveau, il fallait attendre et les heures me paraissaient très longues quand j’étais petite. Puis d’un seul coup, la dernière étape était là ; la cuisson du pain. Je me souviens de ton four et de la façon dont tu installais les pains dans ce dernier. Et là encore, il fallait attendre pour pouvoir découvrir le résultat, une vraie école de patience ! Enfin, le minuteur sonnait, le pain était cuit et j’étais toujours aux premières loges pour assister à la sortie et au démoulage du pain. Et ma petite boule de pâte s’était aussi transformée en pain comme par magie. Toute la cuisine embaumait le parfum du pain et pour moi c’était l’odeur du Paradis sur Terre.
Au goûter, j’avais enfin le droit de manger mon petit pain avec sa croûte croustillant et sa mie moelleuse tartinée de beurre et de confiture maison. C’était un régal et pour rien au monde je n’aurais échangé mon petit pain contre un gâteau !
Voilà ma petite mamie, mon souvenir le plus précieux, ces heures passées ensemble dans ta cuisine à te regarder faire ton pain.
Maintenant, je suis adulte mais quand je fais comme toi mon pain pour la semaine, je pense toujours à toi…
C’est mignon comme tout cette déclaration à ta grand mère, et l’histoire du pain ^^ moi c’étaient les framboises de son jardin qui m’ont marquées 🙂
des bises,
à bientôt
Clara
Très émouvante cette lettre…