Temps de Carême

Bonjour ! 

Cette année, j’ai décidé de consacrer une série de recettes à la cuisine du Carême. On se retrouve donc tous les mercredis sur Marmotte cuisine… tradi ! autour de cette thématique du mercredi 17 février (Mercredi des Cendres) au samedi 3 avril (le Samedi saint, qui précède le dimanche de Pâques). Dans cette introduction, je vous livre quelques explications pour découvrir et comprendre cette démarche. 

Le Carême : définition et signification 

Le Carême est un temps liturgique. Tout comme l’Avent est une période consacrée à la préparation de Noël (la naissance du Christ), le Carême sert à préparer les fêtes de Pâques (la résurrection du Christ), fête la plus importante du calendrier chrétien. 

Il débute le mercredi des Cendres, le lendemain de Mardi Gras et se termine le Samedi saint, veille du dimanche de Pâques. 

Durant cette période de quarante jours qui fait référence aux quarante jours de jeûne de Jésus-Christ dans le dessert mais également aux quarante jours et nuit de jeunes de Moïse avant la remise des Tables de la Loi, les Chrétiens sont invités à approfondir leur foi par la prière et le détachement des biens matériels. C’est pour cela que la période de Carême est une période de frugalité alimentaire qui alterne entre jours jeûnés et jours maigres. Symboliquement, en éprouvant son corps et en éprouvant la faim, on se nourrit de sa foi en Dieu. 

Le Carême dans l’église catholique d’aujourd’hui 

Institué dès le IVème siècle, le Carême a évolué au gré de l’histoire du christianisme. Ainsi, le Carême est aujourd’hui vécu très différemment dans les différentes églises chrétiennes. Encore très strict et très suivi chez les Orthodoxes chez qui il porte le nom de Grand Carême, il  est plus long (48 jours) et est précédé par une période de préparation appelé Petit Carême. 

Chez les Catholiques d’aujourd’hui, le Carême repose sur trois piliers : la prière, le jeûne et le partage. 

La prière même quelques minutes par jour permet de s’extraire de notre quotidien parfois superficiel pour méditer et se recueillir. En évitant de regarder la télévision ou en coupant la radio ou son téléphone, on peut se consacrer plus facilement à l’essentiel. 

Le jeûne permet de se poser des questions sur notre mode de vie et favorise l’intériorité. Et surtout, il ne concerne plus que l’alimentation. On peut ainsi pratiquer le Carême en se privant de certaines de nos habitudes : cigarettes, alcool, chocolat, vidéos sur Youtube… car notre vie vaut plus que ce que nous consommons, que ce soit sur le plan matériel ou virtuel. 

Le Carême s’il invite à la prière et à l’intériorité, ne se vit pas seul. Il est aussi un temps de partage avec les siens où l’on prendra le temps d’établir un dialogue et d’écouter chacun. Il pourra aussi se manifester sous forme d’aumône en faveur des plus démunis. 

Les règles alimentaires et la cuisine du Carême

Les règles alimentaires liées au Carême dans l’Église catholique se sont beaucoup assouplies par rapport à ce qui pouvait se pratiquer au Moyen Âge. Le jeûne complet n’est plus beaucoup pratiqué, il est plutôt demandé de jeuner au moins un repas le mercredi des Cendres et le Vendredi Saint et de manger moins chaque vendredi. Chacun sera libre de se priver ou pas d’une catégorie d’aliments (sucre, gras, laitages, viande…) durant cette période comme expliqué plus haut. 

Les dimanches, la mi-Carême (le 11 mars cette année) et le jour de l’Annonciation (25 mars) sont des jours de relâche, les privations sont moins strictes. En revanche, la Semaine Sainte (la dernière semaine avant Pâques), on peut intensifier ses efforts. 

Dans l’Église catholique, il n’y a pas de recettes spécifiques à cette période. On veillera simplement à manger de façon plus frugale et surtout à ne pas gâcher. Par contre, il existe dans la cuisine grecque et russe des recettes spécifiques à cette période, j’en reparlerai courant mars. 

Temps de Carême : ma démarche personnelle 

Dans nos sociétés occidentales où nous connaissons une abondance et une diversité alimentaire unique dans l’histoire de l’humanité, il est bon de s’interroger sur notre rapport à la nourriture. Pour beaucoup, notre rapport à l’alimentation est loin d’être sain. Il suffit de constater l’explosion du nombre de cas de troubles du comportement alimentaire (TCA) pour s’en convaincre : orthorexie, anorexie, boulimie, hyperphagie… S’il est un temps en Occident où l’on mourait de malnutrition et de faim, à l’heure actuelle, nous mourrons de trop et de mal manger. Notre vision de l’alimentation est devenue tellement hédoniste que même quand nous faisons des recettes saines, il faut se faire plaisir. Rappelons que nous mangeons pour vivre et non l’inverse. La nourriture avant d’être une source de plaisir, de jouissance est le carburant de notre corps.

Le Carême est donc une période propice pour justement prendre ses distances avec cette notion de plaisir dans l’assiette. Alors non, il ne s’agit pas de se mettre au régime pour perdre du poids mais de repartir vers une alimentation plus simple, locale, économique et de saison. 

Les recettes que je vais vous proposer autour de cette thématique essaieront de remplir ces quatre critères. Une cuisine plus simple, cela veut dire des listes d’ingrédients plus courtes pour redécouvrir les saveurs plus brutes des différents aliments. C’est une cuisine également qui se compose d’aliments de base : des céréales, des légumineuses, des légumes. Pour cela, appuyons-nous sur ce que l’on produit localement ou du moins en France en réduisant peut-être un peu le recours à des ingrédients exotiques ou rares. Forcément, en basant son alimentation sur ces deux premiers critères, le coût moyen de votre panier hebdomadaire va baisser. 

Ma dernière réflexion portera sur la saisonnalité. La période de Carême prend place à un moment charnière du calendrier agricole entre les anciennes récoltes qui s’épuisent et les récoltes à venir. Normalement, c’est un moment ou la diversité alimentaire est au plus bas et je ne pense pas que ce soit un hasard du calendrier. Il est donc logique, s’il l’on souhaite respecter le rythme des saisons, d’avoir une alimentation moins riche et diversifiée en cette saison. 

Je vous remercie de m’avoir lu jusqu’au bout et j’espère que ma démarche en intéressera certains d’entre vous. D’ailleurs, n’hésitez pas à me faire part en commentaire, si vous faites le Carême de votre façon de voir et de pratiquer ce temps liturgique. 

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